Il roulait vers le sud, elle marchait au bord de la route… Quand elle entendit s’avancer le camping-car elle se retourna et tendit le pouce. Il ne réfléchit pas et appuya sur le frein.
L’odeur du tabac remplissait le véhicule, elle aima cette odeur, car elle n’avait plus de cigarettes depuis plusieurs heures…
Il roula pendant quelques kilomètres sans dire un mot…Alors qu’ils passèrent sur un pont il demanda:
-aimez-vous la mer?
Elle ne sut que répondre et balbutia un “ oui ” inaudible…
Il lui proposa une cigarette, elle accepta.
-Je ne sais pas où je vais, dit-elle grisée par la fumée.
-Ce n’est pas grave, moi non plus.
Ils éclatèrent de rire… Elle fit glisser un cd dans le magnéto :
-J’écoute ça en boucle depuis hier dit-elle, volontaire c’est le titre de la chanson !
-Sans la musique, la vie serait une erreur …
Vers 20 heures, il eut faim et s’arrêta.
Il mit le couvert sur la petite table : deux assiettes, deux couverts, deux verres. Ils mangèrent du poulet froid avec les doigts ainsi que des chips en buvant de la bière…
A la fin du repas elle leva son verre et se mit à chanter : “ vol de nuit sur l’antarctique, j’attends la prochaine guerre, émotions censurées j’en ai plein le container…” Ils reprirent ensemble et se serrèrent la main :
-moi c’est Thomas et vous?
-Lola, cinq ans de galères!
Encore une fois ils rirent…Thomas se leva, en marchant dans le camion il effleura plusieurs fois le corps de Lola.
Sous le lit il prit une bouteille de whisky, il attrapa du coca dans le frigo. La nuit était tombé sur le parking de la plage, à cette saison ils pouvaient stationner toute la nuit sans être déranger par la police…
Elle chercha dans son sac et sortit une petite boite en bois sur laquelle était dessiné un Bouddha, elle fît le joint avec tellement de grâce qu’il eut envie de lui prendre la main. Ils fumèrent et lui entendit le bruit de la mer qui s’amplifiait dans ses oreilles…
- “ Vous faites quoi dans la vie ” demanda-t-elle en posant sa tête sur ses coudes et en le regardant fixement.
Dans le camion enfumé il se mit à lui raconter qu’il était écrivain, qu’il avait quitté sa femme et ses enfants le jour où il avait été édité pour la première fois et qu’il s’était acheté ce camion pour ne plus revenir…
Elle ne sût que dire d’elle et lui ne posa pas de questions… Elle repartirait demain avec lui, c’était sa seule certitude…
Le lendemain ils prirent la route de la côte, ils roulèrent toute la matinée. Elle demanda si elle pouvait poster une lettre, il s’arrêta au prochain village…
Madrid tombait sous la chaleur.
Il voulait lui montrer le Prado qu’elle ne connaissait pas. Il La laissa à l’entrée du musée et alla se garer. En revenant il ne la retrouva pas dans la foule. Il la fît appeler par le haut-parleur, elle apparut dans l’entrée… Devant un Goya, il l’embrassa, elle lui dit de recommencer, il recommença… Ils se prirent la main et ne se lâchèrent plus jusqu’au parking.
Elle lui demanda les clés et entra la première dans le camion. Elle s’assit sur la table en bois et lui cria presque :
-touche-moi!
Il déboutonna sa chemise, bouton par bouton en la regardant dans les yeux, elle gardait ses mains de chaque côté d’elle posées sur la table. Il ouvrit sa chemise et regarda ses seins, elle ne dit rien, ne fit rien.
Il se mit à genoux et enleva ses chaussures. Elle se leva sur ses bras pour l’aider à faire glisser le pantalon. Il enfouit sa bouche entre ses cuisses. Elle prit son mp3 qui était resté sur la table et mit ses écouteurs dans les oreilles en fermant les yeux.
Elle respirait si fort qu’il se sentit partir. Il jouit mais elle ne s’en rendit pas compte …
A la fin du jour ils quittèrent Madrid pour l’Escurial. Ils dormirent sur la route. Le palais de Philippe apparut au lever du jour alors qu’elle dormait encore. Il n’osa pas bouger et resta assis regardant le soleil se lever.
-Où sommes-nous demanda-t-elle en se levant du lit.
Il se retourna et vit qu’elle était nue.
-je suis ici pour écrire un livre.
Elle se colla contre lui, il lui caressa les fesses; il reprit:
-Ici, dans ce palais que tu vois vivait Philippe, Roi d’Espagne et fils de Charles Quint ! Et de ce roi je veux écrire un livre, quelque chose sur le désir, un texte comme je n’ai jamais pu en faire! Elle frotta son pubis contre sa cuisse il continua :
-Ce roi était asservie par son désir des femmes et l’obsession du sacré !
Il passa sa main entre ses cuisses et lécha ses seins.
- continue, dit-elle :
-J’ai découvert ce palais avec ma première femme, elle était étudiante en Espagnol, elle m’a raconté la vie de ce roi, depuis je ne peux m’empêcher d’imaginer sa vie !
Elle descendit sa main sur son jean et commença à le déboutonner :
-Alors?
Il reprit sa respiration et poursuivit:
-Il faut que je te montre sa chambre et tu verras…
Elle glissa sa main sous le slip et sortit son sexe, en douceur elle le prit dans sa bouche. La bouche pleine de lui elle le prie de tout lui raconter :
-Je ne suis pas historien continua-t-il, je ne veux pas faire un livre sur l’histoire, mais un livre sur Dieu et l’orgasme !
-L’orgasme ? Reprit-elle en accélérant le mouvement de sa bouche.
-Oui, oui répondit-il sans trop comprendre ce qu’il disait ! Il s’accrocha à ses cheveux et lui remplit la bouche en criant qu’il l’aimait !
***
Ils rentrèrent ensemble dans la chambre du Roi. Ils étaient seuls. Thomas avait payé le guide pour rester quelques minutes dans la chambre sans être dérangés…
***
Ils roulèrent toute la nuit. Elle s’endormait parfois.
A la frontière il s’arrêta et se coucha. Le soleil par la fenêtre le réveilla… Il l’appela, rien ne bougea dans le camion.
Il sortit et fît quelques pas, elle était assise sur le bord de la route et regardait passer les voitures. Ils se serrèrent dans les bras comme s’ils s’étaient quittés depuis plusieurs jours…Une voiture klaxonna, ils firent des gestes de salut et se levèrent.
Lola prit le volant en disant qu’elle voulait de l’altitude, ils suivirent une route de montagne jusqu’aux neiges éternelles, la route s’arrêtait, ils s’arrêtèrent…
Thomas commença son livre. Lola s’occupait du camion. Parfois elle écrivait des lettres qu’elle ne postait jamais. Il lui offrit un livre : Mort à Venise, elle le lut en deux jours et en demanda un autre …
L’hiver finissait et thomas toussait, il toussait si fort que Lola s’inquiéta. Ils descendirent à la prochaine ville et consultèrent un médecin qui demanda une hospitalisation de contrôle. Dans le couloir qui menait à sa chambre Thomas eut peur, si peur qu’il chancela; Lola le rattrapa et l’installa avec une infirmière dans une chambre.
Le soir venu ils regardèrent la télé, ils plaisantèrent, Thomas dormit bien. Le lendemain le médecin convoqua Lola :
-votre ami est fatigué, ses poumons sont malades, il doit s’installer à la montagne, il ne peut plus voyager comme cela. Pour l’instant ce n’est pas trop grave mais ça peut le devenir…